Je suis seul depuis le départ de Christian . N'ayant aucune vocation pour la solitude, le moins que puisse dire et que cela fait bizarre.
La journée cela va encore. J'ai été extrêmement occupé ces derniers jours avec la réparation des voiles, la commande d'un bimini ( c'est un sorte de tente dépliable au dessus du cockpit pour se protéger du soleil qui tape très dur ici ), des achats de petit matériel qui n'a pas tenu la traversée et surtout la réparation du moteur qui a demandé deux jours. Tout venait de la présence d'eau dans le fioul chargé à Ténérife, au moins 50 l dans un réservoir de 175 ! C'est sur avec de l'eau dans le gaz les moteurs marchent beaucoup moins bien ! La vidange du réservoir a été un travail de romain et je ne vous parle pas de l'odeur... Mais cette occupation frénétique ( aux critères locaux …) a eu au moins un avantage : les journées passaient vite.
Le problème c'est le soir. La nuit tombe très vite peu après six heures . C'est là qu'on se sent seul. Les premiers jours je me couchait à sept heures. Le problème de cette méthode c'est que je me réveillais à trois heures du matin , je ne faisais que retarder l'ennui. Alors je me suis recadré sur les horaires « légaux ». Beaucoup de gens sont seuls sur les bateaux et souvent depuis des années. J'ai donc fréquenté un soir ou deux le bar que fréquente les gens de bateau , le Mango Bay ( on dit le « Mango » ). Comme dans les pub anglais on y pratique l'happy hour, c'est a dire que de 6 à 7 heures pour une boisson achetée on en a une autre gratuite. Le vendredi c'est la bière, le samedi le ti-ponch etc... Mais pas de breuvage non alcoolisé durant cette heure « joyeuse », que de la bibine. Faut faire attention à ce régime de ne pas sombrer dans les travers du capitaine Haddock ! Mais cela dit l'ambiance est sympathique et j'ai rencontré des gens qui roulent leur bosse depuis plus de dix ans aux petites Antilles et en connaissent tout. Je l'ai ai beaucoup interrogés pour tenter de diminuer le nombre d'erreurs que je vais très certainement faire en siphonnant leur expérience . On y rencontre aussi des vacanciers. J'ai sympathisé hier avec deux très sympathiques jeunes allemands avec lesquels j'ai discuté en anglais fort tard. Le fait de parler anglais ralenti le rythme des débats et fait passer le temps. C'est bien pratique quand on a rien d'autre à faire ! Faut que je rencontre des moldo-valaques ou des ousbèques ne parlant pas anglais. La discussion en langue des signes sera encore plus longue !
Mais de retour au bateau, le mal du pays revient très vite. Du fait du décalage horaire je me connecte avec la maison vers 15 heures et le soir il n'y a plus rien à faire qu'attendre le petit matin en dormant le mieux possible. J'appelle aussi les amis. Les entendre est un des mes grands plaisirs ici. J'espère que je leur casse pas trop les pieds. J'étais jusqu'ici plus connu pour mes coups de fil lapidaires.
Dormir n'est pas simple. Bien que les locaux se plaignent du froid ( ? ) il fait chaud et humide la nuit et j'ai du mal à m'endormir. N'allez pas croire pourtant que j'envie vos températures sibériennes ! Tout le monde ici se plaint du temps : les Alysés sont puissants et chargés de pluie cette année. La violence des averses est impressionnante et quand il pleut tout s'arrête dans les rues. J'ai tenté de continuer de marcher sous la pluie. J'ai vite compris et je suis rentré au bateau à la nage pour me changer...
Le moteur réparé je me suis fait virer du port qui attend l'arrivée d'une centaine de bateaux de course. La « transquadra » (une transat pour amateurs de plus de 40 ans )se termine en effet ce week end au Marin et le port a besoin de toutes les amarrages disponibles. Je me suis trouvé une place au mouillage devant le « leader price » local. Les va et vient en annexes seront comme cela plus courts. Cette manœuvre de mouillage a été ma première expérience en solitaire. J'étais tellement contracté dans la préparation de l'ancre que je me suis planté à petite vitesse sur un banc de vase. Je me suis dégagé sans trop de soucis.
Le mouillage est calme mais très fréquenté comme tous les mouillages de la baie du Marin. J'ai mis l'annexe à l'eau et remis le hors bord en état de marche . J'ai terminé en rangeant le bateau qui me semble maintenant très propret. Mais Brigitte ,si était là , trouverait probablement à redire sur l'ordre et la propreté du carré.
Dimanche tout sera fermé mais j'ai tellement de petites chose à faire avant de partir pour Saint Lucie où je carénerai le bateau que je risque surtout de manquer de temps. J'ai prévu aussi de faire quelques photos . Vous les verrez bientôt.
Histoire de te consoler: J'ai passé 6 heures à démonter le relevage d'un tracteur, pour m'apercevoir que la panne hydraulique ne venait pas de là. Et donc 6 heures de remontage en pestant. Et la mécanique interdit souvent le port des gants, ce qui ne te gêne pas trop là où tu es.
RépondreSupprimerSinon je viens de confirmer pour l'A35.