Gabrielle

Gabrielle

samedi 15 juin 2013

20 jours, 20 heures...



Au total tout s'est bien passé. Nous avons respecté le tableau de marche prévu : 2546 miles nautiques ( 4715 km ) à cinq nœuds et des poussières , la route directe ( l'orthodromie) entre la pointe des châteaux en Guadeloupe et Faial se chiffrant à 2170 miles nautiques ( 4018 km ) . Tous les bateaux qui ont traversé en même temps que nous ont mis le même temps à quelques heures près, indépendamment de leur taille. Une traversée honorable donc.
Comme le montre les chiffres, nous n'avons pas navigué au cap, en ligne droite. Il a fallu composer avec le vent et c'est là que tout s'est compliqué.
J'avais fait l'avitaillement avant l'arrivée de Daniel car son temps était compté, le malheureux étant attendu au boulot à partir du 12 juin. Cet impératif de date a été un soucis constant durant cette navigation. Il n'est jamais bon en mer d'avoir de tels impératifs . Cela peut pousser à la faute et augmenter la prise de risque. Au large il est souvent urgent d'attendre et de temporiser. Mais ce voyage a été beaucoup plus sûr avec Daniel et un timing serré qu'il l'aurait été sans Daniel et avec du temps.
Deux mots sur lui d'abord. Daniel qui vit maintenant en Normandie a longtemps eu un bateau à Dunkerque où je l'ai rencontré. Il est très expérimenté avec un tour de l'Atlantique au compteur fait il y a six ans avec sa compagne anglaise Kathy qui aurait du être du voyage. Elle n'a malheureusement pu venir un de ses fils étant malade. Daniel qui a l'habitude de bateaux rapides et excitants a du en rabattre avec mon « camion ».
La remontée des alysées a demandé quatre jours, au près « océanique » ( à 50° du vent apparent) dans une mer très inconfortable par un vent constant de 25 nœuds. Une entrée d'eau que je n'ai comprise qu'à l'arrivée nous a pourri la vie. La température dans la cabine était de jour à la limite du supportable, les conditions de mer interdisant toute aération. Mais au moins cette partie du voyage s'est faite à très bonne vitesse. Après il a fallu négocier l'anticyclone...
Les fichiers météo que nous recevions tous les jours par iridium montrait un couloir de vent de sud-est très favorable. Nous sommes avons fait cap au nord est pleins d'espoir . Hélas quand nous sommes arrivés sur zone, la terre promise s'était décalée de 100 miles vers l'est. Fin de nos espoirs et début du petit temps !
Il a fallu chercher le vent avec l'aide des fichiers météo, les « gribs ». Cela nous a valu en particulier de remonter plein nord vers Terre Neuve ce qui a intrigué Brigitte qui nous suivait par la balise et que je contactais par téléphone satellite tous les deux jours (quand on connait le prix de la communication c'est plus de l'amour, c'est de la rage ! ). Le moteur à bas régime pour économiser le carburant nous a bien aidé quand le vent s'effondrait trop ,parfois seul, le plus souvent en « voile et moteur ».
Nous avons atteint péniblement les vents d'ouest qui nous ont enfin permis de faire route directe à bonne vitesse. Ils ont atteint 33 nœuds trois jours avant l'arrivée mais ont été très faciles à négocier : comme nous étions au nord de la route nous les avons pris sous un bon angle, grand largue tribord amure.
Pour gagner une journée nous avons rallié Horta sur l'ile de Faial et non pas Terceira. Après une courte nuit Daniel a pu prendre le premier avion pour Lisbonne. J'ai rejoint Terceira trois jours plus tard avec Didier qui a pris le ferry pour me rejoindre.
L'entente a été excellente a bord. Le niveau culinaire n'a rien eu à voir avec les prestations d'Arnold vers les Açores ou de Christian vers les Antilles. Je n'ai pêché qu'une fois, le temps de perdre le leurre et l'émérillon qui ont été emportés par une très grosse bête. Pour ma part les automatismes acquis lors des précédentes traversées sont de suite revenus facilitant les choses.
Une traversée sans histoire donc et tant mieux. Deux bateaux français ont disparu sur ce trajet cette saison et on est sans nouvelles de trois autres. Ils sont partis très tôt en avril et le temps a été très dur sur l'atlantique au début du printemps. On ne gagne pas contre l'océan, il vous laisse passer...

2 commentaires:

  1. Merci de me faire rêver via ton blog et félicitations pour la traversée.

    L'humilité est une des choses que l'on apprend en mer; j'aime beaucoup ta dernière phrase, tellement vraie.

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